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L’Opéra Roumain de Cluj, Roumanie – Le ballet „Le jeune homme et la mort” par Constantin Rîpă

(Opera Națională Română Cluj – „Tânărul și moartea” de Constantin Rîpă )

(Elena Maria Șorban, muzicolog – 3 aprilie 2018)

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„Toujours l’amour” pourrait être le motto du nouveau ballet créé en première mondiale à l’Opéra Roumain de Cluj, Tânărul și moartea („Le jeune homme et la mort”), dont l’auteur du livret et de la musique et le compositeur toujours jeune Constantin Rîpă (né 1938).

Le ballet comprend un triptyque: „L’Éphèbe” (25 minutes), „Le jeune balayeur et la Naïade de la Seine” (25 minutes), „L’Agnelle” (50 minutes) – que résume, d’une certaine manière, notre culture nationale, avec ses racines traco-helléniques, les influences françaises modernes, culminant par le mythe fondamental de la culture traditionnelle roumaine. Chacun des trois actes représente les circonstances et le destin post mortem: le jeune défunt devient, par la suite, un héros, un sujet de nouvelles tv ou il est réintégré dans la nature.

L’archétype psychique de „l'éternel féminin” (selon Goethe) est mis en lien avec l'omniprésence de la mort. On pourrait aussi faire des rapprochements avec le roman Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir (1946), ainsi qu’avec le thème des thrillers américains Final Destination (des années 2000)…

La musique est bien inventive, basée sur la confrontation des caractères esthétiques lyriques, combatifs et dansants. Des polymorphies donnent des résultats surprenants, dignes de l’analyse musicale.

Un mélange (très réussi) de musique impressionniste et de jazz suggère le cadre parisien du deuxième acte – inspiré par le sujet du poème Le Balayeur (Ballet) par Jacques Prévert.

Une tâche accomplie avec bravure par les musiciens de formation académique est la réalisation des moments généreux dans le style traditionnel du trio à cordes transylvain du final. Dans ce dernier acte, les danses populaires roumaines (hora, ardeleana et d'autres) – recréés de manière authentique et spectaculaire – glissent sous la menace tragique du crime.

L'orchestre de taille moyenne excelle à travers les percussions et les cuivres, mais aussi par les bois qui suggèrent le cor des Alpes et par le traitement varié et expressif des cordes. Le chef d'orchestre Adrian Morar a fait un travail exigeant et vif.

La mise en scène et la chorégraphie (Ina Hudea, Octavian Popa, Florin Ciobanu, Dan Lupea), ainsi que les décors, les lumières et les costumes (Liliana Moraru) sont harmonieux et symboliques, inspirés par les arts anciens, traditionnels et par les sculptures de Brâncuși.

Les solistes Mircea Munteanu (Le Jeune), Adelina Filipaș (La Fille), Dan Haja (Le Rival/L’Ange Balayeur), Liana Taloș (La Vieille Mère) et l’Ensemble de Ballet de l’Opéra de Cluj ont fait de leur mieux, par la poésie et la virtuosité de leur danse.

Tânărul și moartea („Le jeune homme et la mort”) par Constantin Rîpă – ou sur l’amour „pour toujours et à jamais”: un spectacle en même temps complex et naturel, réflexif et cathartique, auquel je reviendrai et que je recommande chaleureusement.

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