VASES À RELIEFS

                Les vases à reliefs sont relativement rares à Histria [1] . Un petit fragment ( fig. 3) y représenter seul pour le moment la catégorie des grandes jarres à décor estampé, qui a été une spécialité de Rhodes et peut-être même de Milet [2] . C'est donc à double titre qu'on devrait les trouver à Histria, fille de Milet et cliente assidue de la fabrique, « rhodienne ». Mais la logique ne régitpas les trouvailles céramiques et il serait dangereux de l'y chercher à tout prix. On a trouvé au temple d' « Aphrodite » l'unique fragment de ces vases dont les pareils se rencontraient surtout dans les nécropoles où ils étaient le « signe » du tombeau.

 
 
            La nature de l'argile, la technique de l'estampage sont purement rhodien­nes. Le dessin du relief rappelle un motif publié par Courby [3] , qui appartient au répertoire des amphores béotiennes. Il ne diffère que lé­gèrement du nôtre. Sur le fragment d'Histria les deux spirales sont réunies en haut et en bas par deux lignes brisées. Un dessin ana­logue se retrouve sur nos bols à yeux ( fig. 33 et suiv.), ce qui con­firme son origine grecque orientale.
 
 
            Le deuxième fragment ( fig. 4) est curieux. I1 devait être posé en appli­que sur le bord d'un, grand vase ou peut­être tenir lieu d'an­se, bien que sa forme le rendît plus déco­ratif qu'utile. L'in­térêt de ce fragment est dans la présence du serpent qui sort de la surface inté­rieure ; il est gros­sièrement modelé à 1'intérieur du vase, mais complet, comme si le décorateur avait c;raint de tronquer l'effigie de l'animal. Il peut y avoir là un souvenir de prescriptions rituelles; on connaît d'ailleurs le rôle que joue le serpent dans un certain ­nombre de cérémonies religieuses. L'emploi de cet animal comme motif plastique était déjà en honneur à Rhodes dès l'époque géométrique; on en trouve des survivances pendant le VIIe et même le VIe siècles. Nicosthènes en use encore. Le serpent fait donc partie des traditions plastiques de l'époque orientalisante. L'argile, la technique - où l'enduit rouge res­emble à une glaçure - font penser à Rhodes. Sans certitude toutefois: il pourrait tout aussi vraisemblablement provenir de la région de Milet (cf. Appendice XIX).


            Deux alyballes (fig. 5 et 6), l'un presque complet, l'autre dont , Il nte reste qu'un fragment, sont tout ce que nous possédons de ces vases à glaçure, imités des Égyptiens, dont on attribue la fabrication à Rhodes et peut-être aussi à Milet. L'un a été trouvé au temple d' « Aphrodite » en compagnie d'un scarabée de l'époque saïte et d'un petit dieu Bès en terre cuite. L'autre gisait au fond  de la fouille du temple B avec des fragments de calices naucratites. Ainsi, en dépit du bouleversement stratigra­phique, s'affirmait quand même leur provenance desmêmes fabriques gréco-égyptiennes.
 
 
 
DESCRIPTION
l. - Style de Rhodes
 
 
            1. - (B 869) Fragment de grande amphore ( Fig. 3).
            Menu fragment d'un grand vase, probablement amphore. Argile mélangée de fragments de corps étrangers, très finement micacée, couleur rouge brique. Même surface. Décor estampé: bande circulaire entre filets;. ornement en forme d'S couchés, reliés entre aux par des lignes brisées formant des rudiments de palmette, et rappelant les lignes qui relient les yeux, dans les bols à yeux.
            Épaisseur : 0m 12.
            Hauteur de la bande: Gm 15.
            Trouvé en A.
 
 
 
II. - Fabrique indéterminée
                2. - (Ancien fonds) Fragment d'anse ou d'ornement appliqué ( Fig. 4).


            Argile grise, relativement fine pour la grosseur du vase, devenue rouge sur les parois externe et interne par la cuisson. La surface extérieure recouverte d'un vernis rouge, semblable à une glaçure; larges cannelures horizontales. Un serpent monte vers le bord ( a ) du vase. Les yeux profondément incisés du serpent étaient peut­être peints ou incrustés. Quelques incisions indiquent lés raies de la tête de l'animal.
Diamètre : 0m 22
Êpaisseur: 0m 01 à 0m 15.
 
III. - Vases émaillés
                3. - (B. 2577) Fragment d'aryballe ( Fig. 5).
            Terre claire, de teinte grisâtre, en grains fins et réguliers, analogue à la fritte égyptienne. À la surface extérieure, enduit émaillé, très endommagé, où subsistent encore, ça et là, quelques traces de la couleur bleue primitive.
            La ligne d'attache de l'épaule à la panse est soulignée par deux cercles en relief. La panse est couverte d'imbricatíons en relief, en forme de losanges allongés, rappelant l'aspect de la pomme de pin.
            Parois très épaisses, très irrégulières à l'intérieur.
            Hauteur du f ragment : 0m 030.
            Êpaisseur: 0m 001. Trouvé en A.
 
4. - (B 2578). Idem ( Fig. 6).
            Même argile. La surface est couverte d'une glaçure d'un blanc jaunâtre où subsistent des traces du jaune primitif. La forme est celle des aryballes ronds les plus anciens (Forme A de Payne, Nècrocorinthia, p. 287). Large et lourd rebord dont le plat s'incurve vera le centre. La panse côtelée.
            Hauteur du détail: 0m 072.
            Diamètre du plat de l'embouchure: 0m 05.
            Trouvé en A.
 
 


[1] Voir sur cette question, l'Appendice IX.
[2] M. Courby relevant l'existence de ces grands vases dans les nécropoles cariennes pense à une fabrique carienne (Les vases, grecs à reliefs, p. 55).
[3] Ibidem, p. 68, fig. 14 e.