A CÉRAMIQUE D'HISTRIA

A. - VUE D'ENSEMBLE

Si l'importance d'une ville est proportionnée au nombre des fragments céramiques trouvés sur son sol, Histria a été une des plus riches parmi les villes grecques de la Mer Noire. La hauteur qui signale encore l'emplacement de la ville est en effet une sorte de Monte Testaccio. On foule des tessons à chaque pas, on les trouve pressés les uns contre les autres quand on fouille. Il y en avait tant déjà au moment où les Romains arrivèrent, qu'ils en mirent dans le béton de leurs murailles. Au nombre s'ajoute la qualité: il y a relativement peu de poterie ordinaire à Histria.

 
De cette masse se détachent deux groupes à peu près équi­valents qui surpassent grandement les autres par leur nombre. Bien qu'il reste encore beaucoup à découvrir, les proportions se sont maintenues si constantes dans les endroits fouillés, que l'on peut en tirer des conclusions générales. Ces deux ensembles sont d'une part le groupe des céramiques de style grec orientalisant, auquel s'ajoute un certain nombre de fabriques indéterminées, égale­ment grecques et archaïques. C'est, d'autre part, la série variée des céramiques hellénistiques avec comme prolongement une abondance de fragments de tera sigillata, dont la majeure partie sinon la totalité semble provenir d'Asie Mineure. Viennent ensuite, par ordre d'importance, de nombreux fragments de ces vases d'une si belle technique qu'Edmond Pottier nommait les vases théri.cléens [1] puis les vases attiques à figures noires représentés surtout par beaucoup de fragments de coupes des Petits Maîtres et un certain nombre de fragments de  « Droop-cups » [2] . Beaucoup moins important est le groupe des corinthiens qui comprend surtout des skyphoi et des aryballes.
 
La série protocorinthienne fait défaut : deux fragments douteux peuvent également se rattacher aux corinthiens archaïques. Le style attique à figures rouges, dit style libre, est représenté par quelques beaux fragments. Quant au style sévère il n'en existe pour le moment qu'un seul fragment.
 
En ce qui concerne les formes, une seule catégorie, celle des alabastres, manque complètement jusqu'à présent. Les groupes les plus riches sont ceux des grands vases, amphores, œnochoés. Puis viennent les skyphoi, coupes ou assiettes. Les hydries et les vases à parfum sont relativement rares. Cette dernière catégorie comprend quelques vases de Corés et de Sirènes, un nombre assez important de vases-couronnes du type  « rhodo-ionien », quelques aryballes globulaires corinthiens et un petit nombre de lécythes attiques.
 
Dans cette esquisse de la céramique s'inscrit la vie de la cité. Les deux grands groupes indiquent deux périodes de floraison : ì'une qui comprend la fin du VIIe et le VIe siècles coïncide avec les derniers jours de gloire de Milet [3] . L'autre, à l'époque hellé­nistique, correspond au dernier renouveau de la Grèce d'Asie. C'est assez dire que la ville a vécu tournée vers l'Orient grec dont elle reflète la bonne et la mauvaise fortune. Elle végète encore sous Byzance comme le prouvent certains fragments de poterie byzan­tine. Une vaisselle grossière et sans âge semble se perpétuer quelque temps. I1 s'y mêle quelques fragments de faïence turque. Puis, plus rien. La ville est définitivement morte, et seuls les pâtres et Ieurs troupeaux hantent ses ruines que le steppe efface lentement.
 
* * *
 
Nous nous bornerons ici à l'étude de la céramique grecque orientale archaïque qui va de la fondation de la ville à la fin du VIe siècle. En effet, l'époque des guerres médíques coïncide nettement, à Histria, avec la fin d'une ère céramique. Entre cette période et celle qui lui succède existe un hiatus qu'indique l'absence complète de certaines catégories. Lorsque la production reprend, vers le second quart du Ve siècle, c'est un autre monde céramique qui, momentanément, appara3t, un monde où ce n'est plus l'Orient qui prédomine, mais l'Attique. La plupart des catégories que nous étudions ont duré pendant la deuxième moitié du VIIe et tout le VIe siècles. Elles forment une même famille et leurs divergences ne les rendent jamais étrangères les unes aux autres. Elles disparaissent presque toutes lors du bouleversement de l'Ionie. Celles qui subsistent encore ne survivent que par leur technique, presque immuable en terre d'Asie. Mais l'esprit a changé. Le monde grec oriental ne retrouvera plus jamais les conditions qui avaient permis à un style comme celui des vases camiréens de naître et de s'épanouir.
 
Si entre ces dates règnent quelques incertitudes, du moins les limites de cette période sont précises et comprennent un ensemble bien défini. C'est pourquoi nous avons éliminé de cette étude le bucchero [4] , qui dure jusqu'à l'époque romaine et doit étre traité en entier, et les styles qui, par l'emploi de la figure noire avec incisions (Clazomènes, Cæré), sont avec le corinthien et l'attique les précurseurs de l'esprit nouveau.
 
B. - CÉRAMIQUE GRECQUE ORIENTALE ARCHAÏQUE
 
I. -- Caractères généraux
 
L'ensemble de la céramique grecque orientale à Histria concorde en général avec la classification de Miss E. R. Price [5] . Nous suivrons donc le plan adopté dans ce travail qui apporte de la clarté dans la multiplicité des fabriques. On constatera qu'il ne nous rnanque jusqu'à présent que deux catégories de la classification : celle des coupes vrouliennes [6] et le groupe des vases de Cæré - absences qui ne sont peut-être que momentanées, puisqu'il reste encore beaucoup à fouiller. Par contre, on trouvera au cours de ces pages un petit nombre de vases qui ne s'assimilent qu'in­complètement aux catégories connues [7] .
Par la nature des vases trouvés, les fouilles avec lesquelles Histria a le plus de rapports sont celles de Naucratis, de l'Héraion EIe Délos, de la Fosse de Purification de Rhénée, et de Vroulia. l'our certaines catégories les trouvailles d'Histria s'apparentent a celles de Marseille et de l'Héraion de Samos.
Comme à Naucratis, on trouve en quantité des fragments de vases du style dit naucratite, surtout des calices et aussi quelques phiales, des bols à yeux, à oiseau, des coupes ioniennes, ainsi due de grandes amphores d'un type particulier [8] . De plus, si l'on se réfère à la description de la poterie de Naucratis [9] , il faut noter une similitude dans l'emploi fréquent du décor en couleur rouge. Le fait est important, parce que la poterie qui offre cette Ì particularité à Naucratis, provient du premier temple élevé à Apollon par les Milésiens. Ce serait une raison pour attribuer à la mère patrie cette tendance à employer le décor en rouge de préférence au décor en noir.
 
Avec Délos les rapports sont également significatifs. Comme a l'Héraion, l'ensemble des fragments trouvés est remarquable par la qualité. L'abondance des tessons qui révèlent de beaux vases perdus est considérable surtout pour les style de Fikellura et de Naucratis. Le nombre des récipients avec trous de suspension est également à noter. Une dernière ressemblance avec Délos pro­vient de la nature des vases. Ici et là amphores, œnochoés, coupes, plats, vases à parfum s'y rencontrent en grand nombre. La caté­gorie d'amphores signalée par M. Ch. Dugas [10] et dont l'épaule a le champ encadré par une ou deux séries de points verticaux entre ' des bandes noires se trouve aussi représentée à Histria.
 
À Vroulia, l'ensemble des vases est de même nature qu'à Histria; Marseille a fourni certaines catégories que l'on croit originaires de Phocée et qui se retrouvent dans nos fouilles. À Samos enfin, une abondante céramique à décor rouge montre de grandes similitudes avec certaines de celles que nous avons mises au jour.
En résumé, de tous les endroits de fouilles où ont été trouvés des vases grecs orientaux, ceux dont la composition est la plus sem­blable à la nôtre sont de grands sanctuaires. L'identité de nature indique l'identité du but. C'est une preuve de plus que les en­droits fouillés à Histria sont le lieu d'anciens temples.
 
 
Il. - Observations sur la technique
 
Le problème de l'origine de certains vases est peut-être plus lié à la technique qu'au style du décor [11] . Quoique, malheureusement, Histria n'apporte aucune lumière nouvelle, il est nécessaire de présenter ici quelques remarques.
 
1.-LES ARGILES
 
Les argiles qu'emploient dans l'ensemble les vases archaïques ne sont pas très nombreuses. Elles ont un caractère commun : celui d'être micacées. Elles diffèrent entre elles par la couleur. Mais elles peuvent cependant être ramenées à trois groupes : celui des argiles blanches, celui des argiles roses et enfin le grand groupe des argiles grises, qui comprend un certain nombre d'argiles en partie rouge.
S'agit-il, dans chacun de ces groupes, d'argiles analogues ou bien d'une même argile dont la nuance change dans certaines circonstances? Probablement les deux. D'ailleurs, seules de longues et minutieuses analyses pourraient nous renseigner - en partie, car le problème comporte trop d'inconnues. L'emploi du pluriel mar­que à la fois ce rapport et cette indétermination.
 
a) GROUPE DES ARGILES BLANCHES
La terre est tantôt d'un blanc jaunâtre, tantôt d'un blanc grisâtre, tantôt friable, tantôt assez dure - jamais très dure, jamais non plus d'une excellente qualité. Les vases sont généralement revêtus d'une couverte: blanche, jaune ou grise. Le décor est noir ou rouge. Il arrive parfois qu'en raison de la couleur claire de l'argile, il n'y ait pas de couverte. Dans ce cas, le noir posé sur ce fond défectueux est un mauvais noir mat, en partie jauni, et le décor donne l'impression d'un barbouillage. D'où proviennent ces vases? On connaît une argile presque blanche à Samos [12] . Mais la couverte grise pourrait indiquer certains rap­ports avec la technique de l'Éolide. En fait ces argiles blanchâtres sont assez communes ; on les trouve presque partout. À l'époque hellénistique, Histria elle-même a fabriqué des statuettes et des vases en une argile analogue.
 
b) GROU'PE DES ARGILES ROSES
 
Je comprends dans cette catégorie quelques tessons dont l'argile fine et très épurée est d'une rare homogénéité et donne à la surface un aspect net et éclatant. En raison de ces qualités, je les considère comme un groupe spécial. Ce groupe comprend jusqu'à présent des œnochoés simplement ornées de bandes, mais d'une exécution très soignée: engobe jaune ivoire, décor noir ou rouge d'un beau lustre, lignes nettes et sans bavures.
 
c) GROUPE DES ARGILES GRISES
 
De beaucoup le plus important, ce groupe comprend la grande majorité des fragments de style grec orientalisant. Ces argiles sont micacées, paraissent non fumigées et différentes du bucchero. Elles se distinguent entre elles par leur réaction à la cuisson.
De ces argiles les unes sont grises, d'un gris ardoise, de teinte unie. À cette catégorie appartiennent les vases d'argile grise [13] , à décor estampé, quelquefois avec traces de peinture, dont nous ne nous occupons pas dans la présente étude (cf. l'Appendice X ) Nous signalons ici cette argile parce que nous en avons trouvé des fragments recouverts extérieurement d'un engobe jaune avec traces de décor qui s'apparentent à nos catégories ; malheureuse­ment ils sont petits et rares jusqu'à présent. Les autres argiles plus couramment employées, ont un ton gris bleu et changent partiellement de couleur à la cuisson. Leur surface externe et interne devient rouge ou rose tandis que l'intérieur forme un noyau gris bleu, très prononcé dans les grands vases.
 
Lorsqu'il s'agit de vases moins épais et partant mieux cuits, on ne trouve plus ce noyau - en général -, mais des traînées plus ou moins nombreuses, toujours du même gris bleu caracté­ristique.
 
Kinch avait déjà noté à Vroulia ces « terres de couleur grise qui à la cuisson sont devenues rouges ou jaunes » [14] . En parlant des coupes vrouliennes, il constatait également que « dans beaucoup d'exemplaires, on remarque dans la terre, en y faisant attention, des parties d'un bleu gris . . . Cette couleur bleu gris, est-elle la couleur première de la terre et ces parties sont elles insuffisamment cuites, gardant ainsi l'aspect premier ? C'est ce que j'ai d'abord cru et c'est la supposition qui toujours me semble la plus probable ; dans mes notes prises devant les exemplaires de Vroulia, de Lindos, du lVlusée Britannique et du Louvre, je trouve toujours cette remarque : terre de couleur originairement bleu gris » [15] . Ces observations, que Kinch n'applique qu'à une seule catégorie de vases, sont valables à Histria pour la grande majorité des frag­ments recueillis. Leur origine paraît donc rhodienne. Mais est-elle uniquement rhodienne ?
 
Il existe à Histria de grandes amphores décorées de larges bandes verticales et horizontales [16] ; l'argile a un fort noyau d'un gris bleuté intense. On ne les trouve pas à Vroulia et il existe de fortes présomptions de croire que ces vases ont été fabriqués ailleurs qu'à Rhodes. D'autre part, parmi ces argiles de couleur changeante il en existe une qui se distingue par des qualités particulières de finesse et d'homogénéité: c'est celle des statuettes de Rhodes: Corés, Sirènes et autres - celle aussi des Corés et des dieux Bès trouvés à Histria. Cette argile est trop connue pour que nous insistions. La terre dont il s'agit ici, qui devient d'une belle couleur rose à la surface, a été regardée comme spécifiquement rhodienne [17] . Par ailleurs, on voit au Musée National des Antiquités d'Athènes des terres cuites de Lemnos, dons les cassures montrent que l'argile est grise à l'intérieur; les grands pithoi qui sont encore en place autour du Théseion ont la terre grise dans l'épaisseur; enfin toujours à Athènes, et à Éleusis on trouve souvent à la surface des lieux fouillés des tessons dont l'argile est à noyau gris et à bords rouges.
 
Ces exemples montrent l'extension de l'emploi de l'argile gris rouge dans l'espace et dans le temps. Ils confirment l'existence de beaucoup de fabriques dont nous connaissons au moins une, celle de Rhodes.
 
De plus ils nous font nous demander si cette transformation n'est pas avant tout ou également une question de technique, peut-être une matière spéciale ajoutée à l'argile. Et, dans ce cas, serait-ce bien une argile grise ou une argile devenue grise sous une action quelconque ? Il est à remarquer que le noyau gris s'y rencontre sur de petits vases d'une épaisseur de quelques millimètres. Il est difficile d'alléguer ici une imperfection de la cuisson. Dans ce changement de couleur du gris au rose, d'autres causes que la chaleur interviennent certainement et restent encore à déterminer.
 
La grande majorité des vases rentrent dans l'un ou l'autre des deux groupes précédents. Les gris violacés, les gris bruns pa­raissent être une modification de l'argile gris ardoise à teinte unie. Ces teintes sont celles de beaucoup de fragments appartenant au style de Fikellura et de Naucratis. Au contraire, la plupart des vases de style  « rhodien » ont une argile  « grise » qui est devenue presque complètement rose. Or, l'aire de production des vases dits « rhodiens » [18] est étendue et comprend notamment la région de Milet. En fait, l'argile grise semble avoir été employée dans toute l'Ionie. Elle y était très appréciée depuis l'Éolide, qui l'a transformée aisément en bucchero, jusqu'à cet atelier inconnu qui en a fait une couverte ornée d'un décor de style camiréen (fig. 257). Il est curieux de constater cette prédilection - avant-goût de la sobriété attique - parmi cette céramique orientalisante qui recherche tant, par ailleurs, les fonds clairs et les couleurs gaies.
 

2.- COUVERTES ET ENGLOBES

 
On a déjà remarqué [19] que partout où Milet a exercé une in­fluence commerciale, on trouve des vases dont la surface est recouverte d'un engobe blane. La matière de cet engobe provien­drait, selon Myres [20] , de Cappadoce. C'est là un lien de plus entre les techniques de l'Asie Mineure et celles des côtes grecques d'Asie. L'emploi de cette couche blanche est fréquent sur les tessons d'Histria. Elle varie depuis la simple couverte qui semble faite d'une terre blanche jusqu'à l'épais enduit brillant, d'un blanc crémeux ou ivoire, à qui nous réserverons plus spécialement le nom d'engobe [21] .
 
En fait, même lorsqu'il n'existe pas, à proprement parler, d'engobe, la surface paraît toujours préparée pour recevoir une couche de terre fine. Le procédé semble constant dans les ateliers « rhodiens » [22] . Parfois la couleur de la couverte diffère totalement (couche grise sur argile jaune, brune sur jaune pâle), parfois elle se confond presque complètement avec le corps du vase. Elle est alors sans doute de même nature que l'argile du vase, mais plus fine et parfaitement épurée. Le polissage ou le lustrage l'incor­porent plus étroitement à la surface préparée.
 
 
3.-LE DÉCOR
 
 
Dans chaque catégorie archaïque nous constatons à Histria la prédominance de la couleur rouge. Ce rouge est de deux natures. C'est d'abord le noir lustré habituel qui est devenu rouge. C'est, d'autre part, une couleur qui varie du rouge grenat au rouge clair víf (peut-être la teinte vermillon (cinabre), dont parle NI. Jacobstahl [23]   Cette couleur devient plus foncée aux endroits où elle est plus épaisse.
Probablement., par amour de la couleur rouge, les ateliers grecs orientaux ont acquis une maîtrise singulière dans la trans­formation du noir au rouge. Avant les Attiques, et aussi bien qu'eux, ils sont parvenus à arrêter cette transformation à la teinte voulue. C'est une preuve de plus de l'habileté bien connue des potiers rhodiens et milésiens. Ce persistant emploi du rouge peut-il être une indication d'origine ? C'est peu probable dans l'ensemble, car on trouve dans un même style l'emploi des deux décors. II semble bien que dans chaque atelier on était capable de produire à volonté des vases de l'une ou l'autre couleur pour satisfaire les goûts de la clientèle. Cependant, lorsqu'il s'agit de teintes moins courantes, comme le grenat ou le rouge vif, il est vraisemblable que nous nous trouvons en présence de produits de fabriques particulières.
 
On verra plus loin une autre preuve de l'habileté du céramiste. Elle concerne le procédé à la brosse employé systématiquement sur une catégorie particulière de vases [24] . Mais comme cette technique se rencontre ailleurs que dans cette catégorie et semble être une tendance générale des ateliers grecs orientaux, nous devons la signaler ici.
 
 
4 - PERSISTANCE DES TECHNIQUES
 
 
On s'aperçoit à Histria que presque toute la céramique a été fabriquée sur un continent aux traditions immuables. La continuité des techniques est frappante et nous aurons souvent l'occasion de la constater. La technique à la brosse [25] se retrouve à peine transformée sur des coupes et des tuiles de l'époque hellénistique. Tel fragment de coupe, dont l'extérieur est décoré de bandes circulaires d'un aspect tout à fait ionien archaïque, est recouvert à l'intérieur d'un vernis noir dont le décor est constitué par des palmettes estampées. De l'extérieur à l'intérieur on franchit au moins trois siècles.
 
Les pages qui suivent nous en offrent un autre exemple. Sur le fragment de vase, p. 34, fig. 4, les bandes circulaires en relief constituent un système de décor que l'on trouve dèjà dans l'Asie Antérieure, notamment dans l'Élam et en Phénicie (E. Pottier, CVA, Musée du Louvre, fasc. III, pl. 142, 1; pl. 144, 6 ; - Vases antiques du Louvre, I, pl. IV, n° 2) et que l'on voit réapparaître couramment à l'époque romaine et byzantine. C'est ce qui rend difficile et souvent douteux le classement des fragments, lorsqu'il s'agit de techniques reprises où continuées, et que manque l'appoint essentiel de la forme et de l'ensemble du décor [26] .


[1] Art. Thericlea vasa, dans Daremberg-Saglio-Pottier, Dict. des Antiq.
[2] P. N. Ure, Journ. of Hell. St., LII (1932), p. 55
[3] Milet sera rasée vers 494 avant notre ère par les Perses. Elle redeviendra florissante, mais ne retrouvera plus son ancienne splendeur
[4] Cf. Appendice IX
[5] Price, East Greek Pottery.
[6] Price, ouvr. cité, p. 7
[7] Tout au moins jusqu'à ce jour
[8] Voir plus loin, chap. VI, p. 100 et suiv.
[9] Naucratis, I, chap. III, p. 17.
[10] Délos, fasc. XVII, pl. XXXIX, n. 6, et XL, n. 9
[11] Cf. Appendice X
[12] Technau, p. 8.
[13] Jacobsthal et Neuffer, Gallia Graeca, p. 16
[14] Vroulia, p. 102. On trouve à Histria un seul exemple du passage du rouge au jaune.
[15] Cf. également Price, Pottery of Naucratis, p. 206: « the clay seems to vary in colour, due to the firing, from grey to grey-yellow or grey-red»
[16] Voir plus bas, chap. VI, p. 114 et planche VII, n° 9.
[17] Cf. Ch. Dugas, Les vases  rhodiens-géométriques , p. 520, note 1
[18] Sur le sens exact du terme « rhodien » cf. Appendice XI.
[19] Cf. J. L. Myres, Journal of Royal Anthropological Society, XXXIII, p. 307.
[20] Ibidem
[21] Cf. Appendice XII.
[22] Il est d'ailleurs obligatoire pour les jarres a relief. Cf. Vroulia, p. 103: « On distingue facilement cet enduit de la pâte principale ». .. etc.
[23] Jacobsthal et Neuffer, Gallia Graeca, p. 15. Mais cette teinte ne correspond pas exactement au vermillon des peintres
[24] Voir ci-dessous, chap. VI, p. 134.
[25] Ibidem et planche VII, nos 1 à 4.
[26] On en trouvera une preuve entre autres, p. 124, fig. 91 du présent volume.