APPENDICE
En terminant ce volume, je tiens à exprimer mes remerciements
à notre collaborateur aux fouilles, M. Émile Coliu, dont le
concours dévoué et la compétence m'ont été très précieux.
*
* *
On trouvera dans cet Appendice tous les détails qui auraient
alourdi le texte. I1 m'a paru utile de formuler certaines hypothèses
en rapport avec les problèmes qui se sont posés au cours des
fouilles et dont la discussion pourra éclaircir certains points douteux
- éclaircir, mais non résoudre. En général, les idées énoncées suggèrent
plutôt qu'elles n'affirment; elles sont probablement transitoires
comme il est de règle en archéologie.
I
Rectifications (p. 15). - Une plus grande connaissance de la céramique d'Histria m'impose
des rectifications à certaines affirmations de l'article paru
dans Dacia, III-IV, 1927-1932, p. 362 et suiv.
1.
Je n'ai pas rencontré à Histria de céramique pouvant remonter au
delà du VIIe siècle. Quelques fragments qui
me paraissaient alors plus anciens s'intègrent fort bien dans
des séries plus tardives.
2.
Je ne considère plus comme appartenant à une période de décadence
le décor au pinceau, dont je n'avais vu que des ' exemplaires peu
soignés - mais bien comme un procédé ancien, expression d'une technique
particulière, qui arrive à produire de très heureux
effets.
J'ai
pu constater également que la tendance du noir à prendre une
teinte brune ou marron est, si je puis dire, un «fait» grec oriental
constant.
II
Bibliographie.
- A l'exception d'un court article paru dans Dacia, III-IV,
1927-1932 (cf. plus bas), la céramique d'Histria n'a pas encore été
étudiée jusqu'à présent. Vasile Pârvan y a consacré quelques
lignes dans son Rapport sur les fouilles de 1915 (Raport
asupra activitãþii Muzeului Naþional de Antichitãþi în cursul anului
1915, Bucuresti, 1916, p. 24-26 = Anuarul Comisiunii
Monumentelor Istorice pe 1915, p. 194-196). Un choix de
tessons appartenant aux séries archaïques rhodo-ioniennes a été
donné par l'auteur du présent volume : M. Lambrino, La cércamique
d'Histria. Séries rhodo-ioniennes, dans Dacia, III-IV,
(1927-1932), p. 362-377. Les résultats généraux des fouilles ont été
publiés en partie par Vasile Pârvan dans le Jahrbuch, 1915,
Anz., col. 253-270 (compte rendu sommaire, accompagné de figures et
d'une carte) ; Histria IV, dans les Anal. Acad. Rom., Mem.
Secþ.
Ist., IIe série, t. XXXVIII (1916), p. 533-732 (soixante
et une inscriptions grecques et romaines) ; Histria VII, dans
les mêmes Mémoires, IIIe série, t. II (1923),
p. 1-132 (soixante et une inscriptions). Cf. les études générales
de V. Pârvan, La pénétration hellénique et hellénistique, dans
le Bull. de la Sect. Hist. de l'Acad. Roum., t. X (1923), p.
23-47, I primordi della civiltà romana alle foci del Danubio,
dans Ausonia, t. X (1921), p. 187-209, et Dacia, an outline
of the early civilizations of the carpatho-danubian countries, Cambridge,
1928, 82 et suiv. Sur les résultats des fouilles plus récentes, voir:
S. Lambrino, Deux types monétaires d'Histria, dans Aréthuse,
1930, p. 101-108; Fouilles d'Histria, dans Dacia, I
I I-IV (1927-193 2), p. 378-410; La destruction d'Histria et sa
reconstruction au IIIe siècle après J.-C.,
dans la Revue des Études Latines, XI (1933), p. 457-463; Les
tribus ioniennes d'Histria, dans Istros, I (1934), p. 117-128;
La famille d'Apollon à Histria, dans Αρχ.
Έφημ., 1937.
III
L'aigle au dauphin (p. 12). - Le type monétaire le plus caractéristique d' Histria porte au
revers un aigle marin enlevant un dauphin. Si les dauphins se voient
encore de temps à autre à 55 km de là, dans les
eaux de Constantza, ils n'ont plus accès à Histria.
Par contre, l'aigle marin survole toujours le rivage perpétuant ainsi
en partie les images d'un lointain passé.
IV
Le golfe et la ville antiques(p. 12).
Le golfe. - Le
banc de sable qui sépare actuellement le lac Sinoé de la mer est
devenu un lieu couvert de bergeries et où paissent des troupeaux.
Il est probable qu'à l'époque des Grecs ce banc, bien qu'il
fût loin encore d'affleurer, séparait déjà de la haute
mer les fonds proches du rivage et créait un régime plus paisible.
Une
preuve, entre autres, de la proximité ancienne de la mer vient de
la présence dans les fouilles profondes de coquilles d'huîtres et
de moules. Ces dernières sont les grandes moules de la Mer
Noire, analogues à celles de la Méditerranée. Comme à
Lindos et à Vroulia, l'établissement grec archaïque se
signale ici aussi par des monceaux de coquillages.
La ville. - Comme on le voit à la fig. 1, ; eule
une petite partie de la ville antique est fouillée. Des chantiers
nouveaux, dont un se distingue nettement au centre de la figure, ont
été créés par nous. Les fouilles entreprises en A, B, C par V. Pârvan
ont été continuées et agrandies. C'est en B et en C que nous avons
trouvé la majorité des vases. En dehors du terrain visible sur la
photographie, la ville s'étendait à l'Ouest. Il semble, d'après
les fragments recueillis, que dès le début du VIe siècle
la ville occupait une superficie déjà considérable (environ
30 hectares).
L'Acropole. - Le
terme ne devient exact qu'à partir de l'époque romaine. Les
Grecs du VIIe siècle n'ont pas connu d'Acropole. Tout , au
plus y avait-il une petite platef orme rocheuse, correspondant à
la pointe extrême (coupée sur la photographie, fig. 1) qui s'avance
dans le lac et affleure à la surface de la partie non fouillée.
C'est l'agglomération et l'importance des édifices qui ont créé petit
à petit l'élévation présente. Il est évident que la partie
actuellement surélevée a été le lieu du premier établissement, et
est restée le coeur de la ville, le centre religieux et administratif.
C'est pourquoi le terme de ville civile, employé d'abord par V. Pârvan,
convient bien à la partie Cuest de la ville.
Temple d'Apollon (p. 97). - L'ensemble des constructions
composant le groupe B paraît faire un tout. Si l'on réunit les indices
obtenus au cours des fouilles, il semble qu'à l'époque archaïque
il existait un temple, probablement sous l'emplacement où se
trouvent actuellement des restes de pavement en briques appartenant
à un ; basilique chrétienne. À la même époque,
on peut déjà, par la découverte d'offrandes propres aux déesses:
vases-statuettes à parfums, vases-couronnes, prouver l'existence
d'une divinité féminine. À l'Epoque hellénistique, le temple
semble s'être déplacé et agrandi. L'existence du culte d'une
uue de plusieurs divinités féminines s'y affirme plus encore.
C'est en B que l'on a trouvé les
grandes amphores les plus anciennes et les plus typiques, celles à
engobe blanc. I1 semble donc que ce temple ait été un des premiers
construits, peut-être même le premier. Il est à
priori logique de supposer qu'il était consacré à Apollon,
le Dieu de la Métropole.
Le témoignage des fouilles apporte
des indices qui peuvent confirmer cette supposition: c'est d'abord
l'abondance des coupes semblables à celles qui, à Naucratis,
étaient offertes en grand nombre à l'Apollon des Milésiens.
Mais c'est surtout la trouvaille d'une petite jambe votive en terre
cuite qui indique l'offrande à un dieu guérisseur. Ce dernier
témoignage de la fouille convient parfaitement à ce qu'on sait
du culte d'Apollon Iétros à Histria. C'est pourquoi on est
fondé à voir dans ce groupe de constructions le temple du
grand dieu de la ville.
Il
aurait été utile de savoir, si ce type de grands vases figure à
Naucratis parmi les offrandes faites à l'Apollon des Milésiens.
Des amphores analogues aux nôtres sont bien signalées à Naucratis,
mais trouvées dans la ville. De sorte que si l'on peut en inférer
qu'il est très probable qu'elles ont été fabriquées à
Milet, elles ne prouvent rien quant à la nature de la divinité:
Temple d'Aphrodite (p. 96). - Je conserv e ici l'appellation
séduisante donnée à ces quelques débris de constructions par
V. Pârvan, sans partager absolument son opinion. V. Pârvan s'était
arrêté à ce nom en raison de la découverte de Sirènes
et de Korés ioniennes, d'aryballes corinthiens, de plats
«rhodiens».
Contre l'interprétation de Pârvan, nous avons le fait que des
fragments de statuettes et de vases analogues ont été également
VII
Les dépôts
(p. 17). - Ces curieuses excavations étaient situées dans l'enceinte
du temple B, à quelque distance d'une construction qui pouvait
être une chapelle votive. À cet endroit, on n'avait recueilli
que quelques débris de vases d'époque hellénistique, lorsque à
trois mètres environ de profondeur, on rencontra une couche
compacte de terre jaune. Elle offrait une résistance inacoutumée
probablement parce que battue et pilonnée dans l'antiquité. Sous
cette couche, on trouva d'abord le dépôt a, le plus riche des trois
; puis, séparés par la même terre argileuse, les deux autres
dépôts.
Inventaire du dépôt a. - J'énumère ici à titre de curiosité les fragments
les plus importants trouvés dans le dépôt a, suivant l'ordre
de leur découverte.
Coupes des petits maîtres et « Droop cups ».
Fragments de vases camiréens : amphores, oenochoés, plats et
coupes.
Fragments
de vases-couronnes. Fragments de style de Naucratis.
Fragments
d'os travaillé, dont une tête de bélier.
Fragments d'amphore de la technique à la brosse (fig.
92, 93 et 94).
Fragments de bols à oiseau et à rosaces ponctuées.
Fragments de coupes ioniennes à raies y compris la catégorie
fine à décor de filets rouges.
Fragments de grande amphore à engobe blanc et à
décor rouge.
Fragments d'oenochoé à vernis noir et à ruban
polychrome. Une oenochoé recouverte d'un vernis rouge à décor
blanc i:. (raies et zigzags sur le col).
Fragments de deux aryballes corinthiens. Fragments d'amphore
avec marque au pouce.
Œnochoés avec l'épaule ornée de rosaces ponctuées (fig.
110, '111 et 112).
Fragments d'une argile jaune ocre, recouverte d'un vernis brun
violacé (fig. 122).
Fragments d'œnochoé, recouverts de vernis noir avec incisions
et retouches de rouge (fig. 255).
Fragments d'une argile presque blanche à couverte grise
(fig. 256 a et b).
De nombreux fragments de bucchero gris.
Un
très be.au fragment de bucchero noir « étrusque ». Fragments
de vases en bucchero grossier.
Fragments de vases d'argile gris clair.
La grande majorité des vases montre des trous de suspension.
Le fond, quand il existe, est percé.
VIII
Fabriques locales et vases indigènes
(p. 18 et 20). - Au sujet des fabriques locales un fait est à
noter: on n'a pu m'indiquer dans la région un lieu propre à
fournir de la terre à potier. Dans le village le plus important
du voisinage (à 25 km. des fouilles), les poteries vendues
au marché viennent de Bessarabie.
À la question des fabriques locales se rattache celle
des vases indigènes Dans l'énumération des objets trouvés dans
le « puits carré », V. Pârvan signale ainsi certains vases : «In the
quadrangular well which lies to the south east of the acropolis at
Istria we have found, side by side with pure greek vases of the sixth
century, fragments of very large native vases. There are in the form
of pithoi, made by hand out of a very coarse clay, badly kneaded and
badly baked. They are decorated with large horizontal circles in
relief, covering the vases like the hoops of a cask, while the lines
themselves are broken by small oblique notches in imitation of large
hempen ropes» (Dacia, an outline, p. 92). Je n'ai pas vu les
vases dont parle le regretté savant et ne puis donc avoir d'opinion
à leur sujet. Le fait étant d'importance, il est nécessaire
de préciser ici que, si nous avons trouvé quelques rares fragments
de vases, qui semblent bien correspondre à la description de
V. Pârvan, ils sont grecs et, qui plus est, « rhodiens » par l'argile
(noyau gris-bleu et bord rouge; cf. Appendice IX).
IX
Limites de cette étude (p. 24). -Afin de respecter les dimensions prévues pour ce volume, j'ai dû
limiter le sujet et laisser de côté certaines séries. Dans les vases
à reliefs, je me suis bornée à quelques spécimens en
rapport étroit avec les séries étudiées ici. J'ai dû laisser
de côté les vases-statuettes ainsi que certains fragments de pithoi
à reliefs, précisément ceux dont il est question à propos
des vases indigènes au n° VIII de l'Appendice. Ces derniers
font en effet partie d'une série qui dépasse de beaucoup, dans le
temps, l'époque archaïque étudiée ici.
Une raison semblable m'a fait réserver l'étude du bucchero.
Car, si certains exemplaires sont sûrement archaïques,
il est difficile de mettre une date précise sur la majorité des fragments,
puisque la technique reste la même pendant des siècles.
L'ornement typique du bucchero archaïque - la bande ondulée
qui semble exécutée avec un peigne - vieux procédé oriental que l'on
trouve déjà dans le style élamite (cf. CVA, Musée du Louvre,
fasc. 3, pl. 14, 2 = France 145) est toujours en usage à l'époque
romaine et devient banal chez les Byzantins. C'est encore un ornement
courant dans la poterie fabriquée actuellement én Roumanie. La catégorie
doit pouvoir être traitée dans son ensemble, ce que je ne pouvais
faire ici.
J'ai laissé également de côté les fragments de vases de Clazomènes
que nous possédons. Ils sont par leur nature beaucoup plus proches
des séries corinthiennes et attiques et seront étudiés en même
temps.
X
Les argiles (p.
26). - Il me semble qu'on peut parvenir à mieux saisir les
origines en attachant plus d'importance aux argiles. Les styles s'imitent,
mais la nature d'une argile qui se modifie plus difficilement est
un critérium assez sûr. Je sais bien que la cuisson arrive à
transformer l'aspect de l'argile. Mais on parvient assez facilement
à reconnaître les différents aspects d'une même argile.
Décor mat. - On ne doit pas accorder trop d'importance
au fait que le décor rouge ou noir est parfois mat. I1 se peut que
le lustre disparaisse au cours du séjour dans la terre. J'ai constaté
que sur un même vase les fragments rapprochés sont parfois lustrés,
parfois mats, les uns et les autres n'ayant pas été soumis aux mêmes
actions souterraines. C'est pourquoi il m'a semblé peu fondé de distinguer
une classe de vases à décor mat et une classe à décor
lustré. Dans les vases trouvés jusqu'à présent le noir mat
est une habitude constante pour les marques au cercle, mais il faudrait
beaucoup plus d'exemples - bien que la même particularité se
rencontre sur une amphore de Théra ( Thera, I I, p. 228, fig.
214, 425 b) - pour l'ériger en règle.
XI
Le terme de «rhodien» (p. 29). - Ce
mot désigne plutôt un style qu'une origine. Il comprend le groupe
de fabriques dont les produits ont été désignés sous le nom de «rhodien»,
«rhodo-ionien», «milésien»,
«rhodo-milésien», o «camiréen». Sans guillemets, le mot rhodien
mdique une origine locale de l'île de ! Rhodes. Cette distinction
est rendue obligatoire par l'indécision actuelle de la terminologie.
Elle a été établie en 1922 par D. G. Hogarth, CVA, Classification
7, p. 7, et devient courante (cf. R. M. Cook, Fikellura Pottery, dans
ABSA, 1933/34, p. 2, note 1).
XII
Engobe et couverte (p. 30). - I1 est
nécessaire d'établir une distinction entre les deux manières
de recouvrir la surface d'un vase: adjonction d'un enduit ou emploi
d'une couche qui semble
être faite d'une argile plus
épurée. Au premier nous réservons le nom d'engobe pour le différencier
du second que nous appellerons couverte.
Le premier se distingue nettement de l'argile, même quand
il en a la couleur; étant donné sa composition différente, il peut
s'écailler facilement. I1 arrive souvent que le céramiste l'applique
au pinceau (fig. 62). Il acquiert dans certains cas une consistance
semblable à celle de l'émail (fig. 266a).
La couverte peut être plus ou moins épaisse, plus ou
moins lustrée - parfois très lustrée - mais elle ne présente
pas cette différence de nature avec l'argile qui me paraît caractériser
l'engobe. I1 me semble que tous les vases «rhodiens» et presque toutes
les catégories grecques orientales indéterminées qui n'utilisent pas
l'engobe, emploient la couverte: les bols ioniens, les coupes ioniennes,
les grandes amphores sans engobe, les vases-couronnes, sont revêtus
d'urie couverte parfois très micacée. L'existence d'un engobe
ou d'une couverte se rencontre également dans la technique à
la brosse (cf. plus haut, p. 140). La couverte est bien souvent à
peine discernable. Quelquefois, au contraire, elle est très
visible. Elle est en général de la couleur de l'argile, mais d'un
ton avivé par le lustrage.
I1 va sans dire qu'entre les deux il existe des enduits qui
ne sont ni tout à fait l'engobe ni tout à fait la couverte.
Certains engobes doivent contenir de l'argile puisqu'ils sont souvent
micacés et par ailleurs certaines couvertes sont très lustrées.
Mais, en général, la différence entre eux est très nette.
XIII
Le fragment d'Athènes (p. 113).
-Trouvé au Céramique. Le fragment gisait sur le bord de la voie principale,
probablement tombé du remblai dans un lieu fouillé depuis longtemps.
La présence de ce fragment au Céramique montre que, le cas
échéant, ces amphores avaient une destination funéraire. C'est ce
qui arrive d'ordinaire avec les grands vases, mais il est intéressant
de le constater ici. Car, s'il est bon de noter en passant cette destination
funéraire, il faut remarquer qu'elle ne s'applique pas à nos
fragments qui ont été trouvés en majorité au temple B.
Ce genre d'amphore n'a pas encore été signalé à Athènes.
I1 n'en existe aucun vestige au Musée du Céramique, ni au Musée National
des Antiquités, ni à Eleusis. Sa rareté, - car, s'il est vraisemblable
de supposer l'existence d'autres fragments dans la capitale de l'Attique,
ce ne peut être qu'en très petit nombre - indique une
provenance étrangère, partant peu courante à Athènes.
XIV
Les vases-couronnes (p. 205). - Le fait que l'on n'a pas trouvé à Histria de vases-couronnes
verticaux et à pied annulaire ne semble pas dû au hasard.
Cette sorte de vase paraît être, à Rhodes, une imitation
du vase-couronne corinthien. Kinch ( Vroulia, p. 46) pense que la
forme verticale est très probablement rhodienne. Le type horizontal
et trapu que l'on trouve à Histria est une spécialité de la
Grèce d'Asie et vraisemblablement de Milet. Si nous pensons
à Milet plus qu'à une autre ville, c'est
qu'il est dans l'habitude des grandes
cités commerciales de produire des parfums et de les exporter dans
des vases de leur fabrication, - témoin les fameux aryballes de Corinthe.
XV
Amphore au lotus à rinceaux. - A propos de la forme ronde ~ie l'élément central de notre lotus (fig.
205 à 207), l'opinion exprimée par F. Johansen (Les vases sicyoniens,
p. 223-224) mérite d'être mentionnée. L'auteur croit que, lorsque
la partie médiane de la fleur est en forme de massue, nous avons la
preuve d'un emprunt I; à la fleur de lys. Or, ce centre en
forme de massue est précisément celui que nous avons dû restituer
à notre lotus d'après les éléments semblables fournis
par les boutons et d'après l'indication donnée par le début
de l'élément central de la fleur. Devons-nous vraiment croire qu'on
a voulu représenter un lys sur notre amphore? Ou plutôt penser que
nous avons ici un exemple de la confusion qui a dû régner très
tôt entre les deux motifs? Ce dernier point de vue semble le plus
probable.
XVI
Fikellura et le style géométrique d'Asie
Mineure (p. 316). On a reconnu depuis longtemps
l'existence d'un style géométrique presqu'uniforme en Asie Antérieure
(voir, en particulier, E. Pottier, Notes sur les poteries rapporté-s
du Caucase, Mém. de la Soc. des Antiq. de France, LX, 1901, p.
11, et suiv.; pour l'interprétation du style géométrique de l'Asie
Antérieure, voir du même, Mém. de lz Délég. en Perse,
XIII, 1912, p. 27, et Mélanges Glotz, 1932, p. 7%8 et suiv.; cf. aussi
Ch. Dugas. Les vases « rhodiens-géométriques », p. 520
et suiv.).
Le
décor des vases de Fikellura et de Naucratis (p. 299 et 314) lui emprunte
des éléments essentiels. J. L. Myres écrivait en 1903: «the caracteristic
motives of the Milesian ( Rhodian) repertory are of themselves of
Anatolian and presumably of Cappadocian origin» (Journ. of the
Anthrop. Inst. of Great BriBritain and Ireland, XXXIII, 1903,
p. :307; cf. Price, Pottery of Naucratis, p. 207). Cette opinion s'applique
particulièrement aux deux style précités. Deux, entre autres,
des éléments les plus caractéristiques du style géométrique d'Asie
Mineure - éléments que l'on trouve déjà dans le style élamite
- sont le treillis (ou grillage) et le losange (ou carré) orné d'un
treillis. L'important rapprochement que fait Jacobstahl (Gallia Graeca,
p. 15) entre l'existence du décor à claire-voie et le système
réticulé paraît confirmer ce que j'ai dit concernant l'origine des
vases de Fikellura.
Une preuve de l'ancienneté de ce décor réticulé est fournie
par un vase à long bec (British Museum Quarterly, XI,
1937, pl. XLIII a), trouvé à Tépé-Sialk, près
de Kashan (Iran), sur l'épaule duquel le décor est constitué par un
grand panneau en forme de losange; l'intérieur du losange est quadrillé
et chaque carré contient un point. Le vase date du XIIe
ou du XIe siècle avant notre ère (ibidem,
p. 157). Son décor est très proche de celui trouvé à
Éphèse (C. Smith, dans D. G. Hogarth, Excav. at Ephesus, p. 229, fig. 56, reproduit dans
notre fig. 341, n° 10).
L'emploi
de ce décor réticulé ne peut être que le fait d'un groupe d'ateliers
ou d'une région très imprégnée des traditions de l'art géométrique
d'Asie Mineure. Or, il appartient en propre à Fikellura.
Quant au motif du carré ou du rectangle, simplement orné de
diagonales, sans autre décor intérieur, iI est commun en Asie Mineure.
On le trouve entre autres sur un fragment de Marseille (Vasseur, pl.
V, n° 13), qui doit provenir de Phocée - sans être pour cela
phocéen; sur des fragments d' Histria non publiés, sur beaucoup de
fragments d'Éphèse. Rappelons à propos de ces derniers
l'opinion de Cecil Smith (Excavations at Ephesus, p. 219) qui
confirme notre thèse: «A further characteristic of the fabric
is the selection of patterns ... and there is generally a tendency
to the introduction of small decorated squares ...
There is considerable affinity between the character of the
pottery finds at Ephesus and Miletus, so far as the scanty material
f rom both sites enables us to make a comparison».
Voir également la description de
la fig. 341, n° 9, p. 344.
XVII
La fabrique de Phocée (p. 351). - Nous tenons à préciser que les fragments (provenant de
Phocée) publiés par Jacobsthal et Neuffer, Gallia Graeca, fig. 6,
sont tous courants à Histria-sauf a et b. Il
en est de même pour la fig. 7 tout entière. Quant aux
fragrnents trouvés à Marseille et attribués par les mêmes
auteurs à la fabrique de Phocée (Vasseur, pl VII, n_os 4 à
8, J.O, 12), ils se rencontrent également à Histria, sauf les
n_os 1, 3, 13, 14 (ib.) qui, seuls dans l'ensemble des figures de
l'ouvrage, appartiennent a une fabrique dont nous n'avons pas encore
trouvé d'exemplaires aE Histria. Les autres fragments de Marseille
sont identiques non seulement par la forme mais aussi par la couleur,
et à ce point de vue le livre de Vasseur est un complément
précieux au présent travail, puisque les planches en couleurs représentent
d'une manière suffisamment exacte des fragments identiques
aux nôtres et que nous n'avons pu reproduire en couleur.
XVIII
Description des planches.
I.
Grande amphore ionienne à engobe
blanc et à décor rouge ; reconstituée, à l'aide du fragment
de la fig. 62, d'après un vase du Louvre et un vase de Montpellier.
Voir p. 124. En couleurs.
II.
Calice de style naucratite, reconstitué
approximativement d'après trois fragments. Il est probable
que la tête du sphinx portait le ruban flottant qui est si
caractéristique dans la fig. 238, également reconstituée. Voir chap.
IX, Description, p. 301, n° 1. En noir.
III.
Phiale naucratite d'après une aquarelle
en couleurs ; l'intérieur brun clair, blanc et rouge; l'extérieur
blanc à filets jaune orange. Voir p. 305, n° 12. Aspect réel
beaucoup plus clair que celui de la planche.
IV.
Amphore de Fikellura. La reconstitution
de l'embouchure est faite d'après un fragment trouvé au même
endroit et qui pourrait appartenir au vase, sans certitude toutefois.
Voir chap. X, Description, p. 317, n° 1. En couleurs.
V.
Amphore de Fikellura. Le col, les anses,
l'épaule, trois zones de la panse, sont donnés ; la reconstitution
du bas de la anse n'est que probable. Voir chap. X, Description, p.
318, n° 2. En couleurs.
VI.
Œnochoé du style de Fikellura exécutée
d'après une aquarelle en couleurs. L'ensemble du décor, d'un
ton brun rouge sur fond ivoire. Reconstituée en s'inspirant d'une
oenochoé du Louvre. Voir chap. X, Description, p. 331, n° 17. En noir.
VII.
Fragments divers.
Les
nos de 1 à 4 appartiennent à la technique
à la brosse:
1.
Fond de skyphos. Voir chap. VI, Description, p. 140,
n° 2.
2.
Fragment d'amphore. Voir chap. VI, Description, p. 141,
n° 4.
3.
Idem. Voir chap. VI, Description, p. 1! 1, n° 5.
4.
Idem. Voir chap. VI, Description, p. 141, n° 3.
5.
Fragment de l'œnochoé reconstituée à la
fig. 125. Voir chap. VI, Description, p. 17h, n° 29.
6.
Fragment de phiale à omphalos. Voir chap. IX,
Description, p. 307, n° 14.
7.
Œnochoé à bouche ronde. Décor rouge sur
fond blanc. Voir chap. IX, Description, p. 309, n° 18.
8.
Fragment de phiale à omphalos. L'ensemble est
reconstitué à la fig. 297. Voir chap. IX, p. 300, n° 13.
9.
Coupe d'une embouchure et d'un col d'amphore du type
B, montrant I'argile grise à bords rouges. Voir chap. VI, p.
114, fig. 77.
10.
Intérieur et profil d'une coupe camiréenne (?). Épaule
et dos d'un bovidé. Voir chap. VIII, Description, p. 281, n° 58.
11.
11. Fragment d'œnochoé du style de Fikellura. Voir
chap. X, Description, p. 326, n° 9,
XIX
Fragment au serpent (cf. p. 34). -
Nous devons revenir ici sur l'incertitude qui demeure en ce qui concerne
la date de ce fragment. Ni le motif, ni la teclnique n'offrent un
critérium suffisant. Les bandes horizontales en relief remontent à
une haute antiquité (cf. p. 32) ; mais elles rencontrent un renouveau
de faveur à l'époque romaine. Le motif du serpent sur les vases,
est un de ceux dont l'ancienneté n'est plus à prouver (cf.
F. Courby, Les vases grecs à reliefs, p. 23 et suiv.). Mais
on le trouve également au second siècle de notre ère,
où il est peutêtre en relation avec le culte de Mithra
(voir à ce sujet E. Swoboda, Die Schlange im Mithraskult,
dans Jahreshejte, XXX, 1936, p. 1). Si l'aspect de notre fragment
incite à le considérer comme archaïque plutôt que d'époque
romaine, l'impossibilité où nous sommes de reconstituer la
forme du vase auquel iI appartenait laissera toujours subsister un
doute.